OÙ? Au Lieu, centre en art actuel
QUAND? Du 11 au 29 juin (du mercredi au dimanche, de 12h à 17h)
Sortie de résidence : samedi le 21 juin
Accueil : 14h
Discussion : 15h
BBQ : dès 16h
Primatoscopy-00 est une itération expérimentale issue de Primatoscopy-01, recherche-création menée de 2021 à 2023 auprès de macaques japonais (Macaca fuscata) en contexte de captivité. Les interactions entre l’argile et les macaques ont révélé des gestes récurrents (fragmentation et tracés intentionnels) perçus comme les manifestations d’une cognition située et distribuée dans leur environnement. Ce déplacement hors du champ humain a provoqué un schisme dans ma pratique céramique, ouvrant vers un décentrement important et reconfigurant ses fondements épistémiques.
Se basant sur les archives des comportements des macaques, le projet prend la forme d’une résidence-laboratoire. Du premier jour de l’installation jusqu’au démontage, Primatoscopy-00 explore l’argile, les artefacts céramiques et les archives comme vecteurs de nouveaux apprentissages et de nouvelles collaborations. Il s’agit d’une phase processuelle et collective en contexte humain, qui cherche à valider, à prolonger et à transmettre par des collaborations artistiques et réflexives, les hypothèses ontologiques issues du schisme provoqué par les macaques.
Pour faire advenir, lier autrement et créer sans autorité, ce décentrement supplémentaire nécessite une mise-en-commun des expériences, des corps et des matériaux. Il s’agit d’un moment d’ouverture et d’indécision préalable qui ajoute aux archives gestuelles et tente un déplacement de la valeur symbolique des objets et des matériaux, vers de nouvelles relations émergentes et horizontales. Un lieu de rencontres et de variations traversé d’incertitudes qui se rapproche étroitement des valeurs d’une anthropologie par les arts, ou plutôt d’une approche créative de la recherche anthropologique où argile, gestes, réflexions et archives sont mobilisés pour générer de nouvelles lignes et de nouvelles fuites.
Primatoscopy-00 est une installation performative hybride et décentrée qui apprend en faisant, qui pense en se déplaçant, et qui prolonge les tensions initiales entre artefacts comportementaux, pratiques participatives et fabulations spéculatives.
BIOGRAPHIE
Yanik Potvin est détenteur d’un certificat en biologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), d’un baccalauréat en anthropologie spécialisé en ethnolinguistique de l’Université de Montréal (UdM), ainsi que d’une maîtrise en arts de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Il a travaillé comme archéologue professionnel entre 2004 et 2018. Depuis 2012, son travail a été présenté dans plusieurs régions du Québec, en Alberta, en France, en République tchèque, en Suède, en Grèce et aux États-Unis. Ses œuvres se retrouvent dans la collection du Kohoutov Ceramic Studio en République tchèque, du centre Langage Plus, du centre Medalta en Alberta, du Musée des Métiers d’arts du Québec (MUMAQ), de l’Université du Québec à Chicoutimi, ainsi que dans plusieurs collections privées. Il est membre du groupe METAcéramique (2019), axé sur la recherche en céramique et membre de Hexagram, réseau de recherche-création en arts, cultures et technologies. Depuis 2014, il est chargé de cours en arts visuels au département des arts, des lettres et du langage (DALL) de l’UQAC. Il poursuit actuellement un doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM.
DÉMARCHE
L’hybridation des pratiques traditionnelles, l’approche dialogique, la variabilité culturelle des approches matérielles, leur thématisation ou leur détournement sont des stratégies qui définissent ma pratique artistique. Développant autour de l’argile et de la céramique comme objets épistémiques, mes recherches évoquent des tensions entre œuvres sculpturales, performativité des contextes et processus de production. Mes propositions d’installations picturales et spatiales, ainsi que mes projets de recherche-création nourrissent un désir de transgression des contours disciplinaires et démontre une prise de risque formelle, un engagement profond à questionner l’esthétique attendue tout en confrontant les contingences historiques et culturelles des matériaux et des techniques. J’utilise mes expériences vécues en archéologie paléohistorique pour développer des activités artistiques qui génèrent des rapprochements et des ambiguïtés entre forme et fonction, entre objet et archive, entre œuvre et artefact, entre reproduction et transformation ou entre hylémorphisme et morphogénèse. Mes collaborations avec des auteur.es, avec des anthropologues ou avec des artistes de la performance, ont amené ma pratique à se diversifier par un rapprochement entre les techniques actuelles et traditionnelles des arts vivants et celles des arts visuels et médiatiques. Mes projets de recherche behavioural-artifacts-comportementaux et Primatoscopy empruntent à l’anthropologie nord-américaine par une méthodologie systémique, par la corporéité du travail des matériaux, par la rencontre culturelle et par le déplacement de ma pratique dans des lieux non voués à l’art. Ces récents décentrements me permettent d’esquisser un nouveau territoire de recherche-création, celui de l’anthropologie créative, une approche post-anthropologique, par laquelle se trouvent floutés les contours entre individu et environnement ou entre humains et non-humains.
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