Je vous invite cordialement à mon exposition de fin de maîtrise.
C’est un beau chapitre qui se termine pour moi.
Venez découvrir ce qui a cheminé dans ma tête au cours de ces deux dernières années d’exploration.
Communiqué:
Ma pratique est un prolongement installatif de la sculpture. Élaborée autour des enjeux écologiques, elle se veut une réflexion vis-à-vis de la notion d’empreinte animale et de ses filiations avec le champ médiatique.
L’objectif de mon projet de recherche est d’explorer les codes de représentation de l’animal en péril ainsi que les dispositifs qui en assurent la diffusion et la légitimation. L’exploration couvre le spectre de cette représentation en Occident, en focalisant sur le panorama du Québec. J’y aborde un phénomène culturel déterminant dans la lecture collective des enjeux : la présence virtuelle, un bestiaire imposé par la surabondance de la figure d’espèces animales charismatiques dans la culture. Cette présence virtuelle est constituée d’un faible pourcentage de représentations informatives (documentaires, journalisme scientifique, musées naturels, etc.) et d’un pourcentage élevé de représentations qui décontextualisent la réalité de ces animaux (dessins animés, publicités, logos sportifs, jouets, etc.). Au-delà du prisme sélectif de cette minorité d’espèces charismatiques représentées, cette présence virtuelle opère, de façon généralisée, un processus de sublimation, voire de transfiguration de leurs figures, souvent instrumentalisé en biologie de la conservation.
Mes œuvres interrogent la dimension matérielle du phénomène (jouets, vêtements, fournitures scolaires pour enfants, etc.) ainsi que sa dimension immatérielle, soit son traitement médiatique (dessins animés, jeux vidéo, publicités web/télé, etc.). Afin d’explorer les intersections entre affects et représentation, ma méthodologie repose sur l’examen d’une dichotomie. D’une part, je cerne des espèces en péril dites charismatiques, celles médiatisées, qui abondent dans la culture : les espèces-phares. D’autre part, je cerne les autres espèces en péril, celles dont les populations déclinent dans l’ombre des espèces-phares, considérées comme moins charismatiques (ou non charismatiques). Cette distinction, centrale dans les stratégies de sauvegarde, oriente la construction de mon corpus et sert de point d’ancrage à mes explorations.
À partir de moulages d’espèces en péril du Québec conservées dans l’alcool, que j’ai réalisés via l’accès à certains laboratoires, le corpus propose un dialogue entre des œuvres qui transfigurent et/ou contre-transfigurent la représentativité des espèces. L’objectif est de jongler avec les codes et les dispositifs opérés par la présence virtuelle et de tenter d’expliciter le contraste qu’ils exercent vis-à-vis du contexte réel des espèces représentées dans les œuvres (évoqué par les moulages). L’exercice cherche à rendre compte d’un ensemble d’affects qui sous-tendent le rapport très esthétique que nous entretenons avec les enjeux de la biodiversité.
En examinant ces affects avec humour et hérésie, la recherche nourrit une réflexion sur les modes de construction culturelle et sociale de la figure animale, en déplaçant les codes de sa représentation à l’intérieur des cadres réflexifs de l’esthétique et de la mise en espace propre à la sculpture et à l’installation.