Les objets, partenaires de l’enfant
Lacan souligne que « ce sont ces jeux d’occultation que Freud, en une intuition
En psychanalyse, les objets dans la clinique infantile ont une importance particulière.
En 1920, dans « au-delà du principe de plaisir » S. Freud observe son petit-fils Ernst, alors
âgé d’un an et demi, qui joue à faire tomber une bobine et la ramener à lui. Ces deux gestes
sont accompagnés de deux mots, fort et da, pouvant être traduit par parti et là. Freud fait alors
valoir l’opération en jeu : par l’investissement de cet objet qui disparaît et réapparait, l’enfant
passe d’une position passive à un rôle actif, non sans le gain d’un certain plaisir. Le génie de
Freud réside dans le fait de mettre en lumière le mécanisme à l’œuvre où l’enfant se dédommage en se mettant lui-même en scène avec les objets dont il peut se saisir. Cette mise
en scène va permettre à l’enfant de symboliser l’expérience de la présence et de l’absence de
la mère, s’inscrivant comme une tentative de traitement de la séparation qui le traverse.
Par la suite, géniale, a produit à notre regard pour que nous y reconnaissions que le moment où le désir s’humanise est aussi celui où l’enfant naît au langage. » Il met en lumière l’opération en jeu
qui est celle de l’émergence du sujet et la manière dont il va s’inscrire dans la chaine
signifiante. Ce jeu symbolisant une répétition est une réponse du sujet face au réel de
l’absence de l’Autre.
Un siècle plus tard, les objets ont évolué et leur hyperproduction domine. Les enfants sont une
cible privilégiée de la société moderne dans laquelle la surconsommation a une incidence sur
leur développement subjectif, leur rapport à l’Autre et leur désir.
Il s’agit toutefois de faire avec cette multitude d’objets consommables et l’évolution du monde.
Lors de notre Journée clinique intitulée « Les objets partenaires de l’enfant », nous tenterons de
montrer comment le clinicien orienté par la psychanalyse accueille et accompagne le jeune sujet
et ses objets, en dégageant la fonction singulière qu’il a pour chacun. Objet précieux, objet
déchet, objet écran, ou encore objet en trop, il s’agira d’y accorder une attention particulière,
en se laissant enseigner par l’usage précis qui en est fait par le sujet qui est accueilli.
Christel Pellegrini & Jennifer Abraïni