Trio Honarestan, musique afghane
Peuple insoumis épris de liberté, les Afghans voue une passion à la musique et au son de la vie, en témoigne leur attrait pour le chant des oiseaux. Ils désiraient que résonne chants et instruments dans toutes les vallées du pays, mais le retour des Talibans en août 2021 a mis un terme final à ce vent de liberté qui flottait depuis une vingtaine d’années. Le traumatisant souvenir qu’avaient laissé les Talibans lors de leur précédent passage a ressurgi. La musique s’était faite très discrète, mais avec l’assassina de Fawad Andārabi, un chanteur et joueur de vièle ghidjak, elle s’est définitivement tue ; les musiciens avaient naïvement cru que les Talibans avaient changé… Par cet acte brutal, les Talibans donnaient « le ton » de leur retour en Afghanistan. Les menaces de mort n’ont pas tardé à tomber. Craignant pour leur vie, beaucoup d’artistes ont fui l’Afghanistan, parmi eux se trouvait Fazel Sapand, un chanteur multi-instrumentiste de la région de Herat. La maîtrise de son Art lui vaut le statut de ustad ou « maître ». Réfugié à Lisbonne, au Portugal, il s’est donné pour objectif de sauver la tradition musicale de son pays. Le répertoire qu’il représente est celui de la région de Herat, au Nord-Ouest de l’Afghanistan. Il porte également la voix des femmes du pays en interprétant leurs chansons, celles qu’elles interprètent lors des célébrations religieuses et civiles.
Honarestan, mot persan composé de honar « art » et stan « lieu », que l’on peut traduire par « lieu de l’art », propose des musiques « d’Art », issues du répertoire persan d’Asie Centrale. Il s’agit du répertoire qu’affectionnent les populations persanes allant de l’ancien émirat de Boukhara à l’Afghanistan. Les instruments qui seront présentés viennent principalement des territoires du sud de ce grand territoire et ont pour origine le Nord de l’Hindoustan.
Le Trio Honarestan est constitué de Fazel Sapand (chant et harmonium), Antoine Bourgeau (tabla et daf) et Sylvain Roy (rubāb afghan). Le répertoire afghan est constitué de chansons et de pièces instrumentales des régions de Hérat et de Kaboul, ainsi que de compositions. Les arrangements proposés jouent avec les limites de l’esthétique afghane sans pour autant jamais la dénaturer. Honarestan adresse un message d’espoir quant à l’interdiction de la musique promulguée par les Talibans dès leur retour en Afghanistan (août 2021).
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