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Septembre sera organique, foutraque et délicat chez Mélissa Ansel, la fée carbone et ludique des hauteurs de Forest, qui nous invite à la découverte de deux savantes, deux artistes de terrain. Céramique expérimentale et réflexion symbolique chez Agathe Dupérou, touillage crudivore des sols et recyclage des textures chez Sabine Voglaire. L’une dé-nature le réel, l’autre dé-réalise la nature. Elles défigurent, elles dépouillent pour aller au cœur, à l’exigence. Dédicace à la terre maternelle, à la mère nourricière. On n’est pas dans le décorum, il n’y a pas d’esbroufe. C’est un voyage en roulotte, pas un rallye à Monaco.
Nous voilà badauds-escargots, prenons de la lenteur, pas d’affolement face au monstre, aux mystères qui sommeillent en nous. Déroutons notre regard vers ce qu’on cache de plus profond. Attachons-nous aux poils, aux fils, aux dents, aux muqueuses, aux seins, aux ventres, aux entrailles, aux duvets, aux tripes et aux boyaux. Soyons squelettes ! Et laissons le temps aux bribes et aux fragments de renaître sous leurs doigts habiles et avides de l’inattendu qui surgit, légères face à ces surprises.
L’étrange, le monstrueux ne les effraient pas, elles, elles redoutent surtout ce qui est figé, coagulé, enfermé. Elles fuient l’immobile.
Nos deux gracieuses braconnières aiment sûrement se retrouver en forêt, à la croisée d’un sentier, sous les arbres touffus, la brulure du soleil ne les atteint pas, elles avancent à pas de louves sur les feuilles éparses, l’humus est leur tapis de confort, doux refuge de leurs émois et de leurs doutes. Elles joignent leurs mains, la main-outil, et font allégeance à cette nature qu’on ne peut plus se contenter de regarder sans chercher à la comprendre. Nos semeuses de troubles, nos primitives s’allongent dans la boue, se roulent dedans, en pleurant ou en riant.
Elles ne sont plus seules, elles font corps à fleur de terre et sont prêtes à façonner, caresser, fouiller, disrupter les éléments alentour. Réparer en laissant du fragile, une feuille morte, un secret, une blessure, un rose aux joues. Ce n’est pas l’harmonie qu’on vise, c’est le sens. Le sens de la matière, le cours d’un monde qui s’effrite sous leurs doigts inquiets mais hardis. Il y a de la tendresse sous l’écorce, de la fougue et de la retenue, du désir et de l’attente sous leurs pudeurs.
On ne sait pas ce qu’on voit. On s’en fout, d’ailleurs. Il faut faire appel à autre chose, convoquer tous les savoir-faire de l’enfance pour appréhender leurs errances secrètes.
De l’inerte au vivant, de l’inutile au sacré. Se cacher derrière l’objet pour mieux se trouver.
Nous sommes tous.tes des mammifères en quête de réconciliation.
Cécile Maistre-Chabrol