[RENCONTRE] Une écologie de terrain
Cette rencontre permettra de nourrir la réflexion et les possibilités d’action qu’Alexis Zimmer propose dans son livre : "Brouillards toxiques" Vallée de la Meuse, 1930, contre-enquête, Ed. Amsterdam, 2025.
L’auteur revient sur un événement historique qui analyse la manière dont l’altération de l’air– par les gaz de l’industrie – a semé la mort dans la Vallée de la Meuse. Entre le 1 et le 5 décembre 1930, un brouillard épais se répand de Seraing à Huy. Lorsqu’il se dissipe, on prend l’ampleur de la tragédie : plus de soixante décès foudroyants, des milliers de malades et de personnes en détresse respiratoire, du bétail décimé, des paysans ruinés par la perte de leurs récoltes. Une onde de choc parcourt les villages, la population meurtrie se mobilise, la presse belge et même internationale s’émeut, le récit de la catastrophe dépasse les frontières de la Belgique… Et l’affaire est pliée et rangée dans un placard verrouillé à double tour : aucun lien ne sera fait entre les traumatismes des corps et les pollutions industrielles.
Nous discuterons également avec Arnaud Guérard, récemment perquisitionné à la demande de Total Energies pour avoir mené des observations dans l’espace public autour du site de la firme.
Et Valeria Cirillo nous parlera de l’expérience de "Toxic Bios" en Italie. Les corps et la terre sont inextricablement liés, dans le bien comme dans le mal. À chaque respiration, l’air et la bouche deviennent des réceptacles de mondes qui ne sont qu’en apparence extérieurs. Pourtant, les ouvriers morts empoisonnés de l’Ilva (usine de Tarente), les maladies respiratoires, les tumeurs, l’endométriose qui s’accrochent aux corps dans la « Terra dei fuochi » (Terre des feux, Napoli) ont du mal à être attribuées à des maladies provoquées par l’injustice environnementale. Lorsque les institutions médicales nient les preuves en rejetant, par le biais d’un racisme systémique, la responsabilité du citoyen privé d’une faible capacité à prendre soin de lui-même, ce sont les corps malades et en révolte qui se réapproprient le récit pour rendre visibles les liens invisibilisés entre l’injustice sociale et climatique. En parcourant les différents combats qui ont traversé l’Italie ces dernières années, nous parlerons de certaines études qui, en contact direct avec les collectifs impliqués, composent des récits qui donnent la parole aux corps malades en produisant des cartographies sensibles et vivantes de la toxicité.
Intervenant.es
♦︎ Alexis Zimmer est maître de conférences en Histoire et politique de la santé et de l’environnement aux 19e et 20e siècles à la faculté de médecine de Strasbourg. Son travail étudie l’anthropologie et l’histoire des relations santé/environnement, l’anthropologie des microbes, la santé et la pollution, ainsi que les enseignements des sciences humaines et sociales en études médicales.
♦︎ Arnaud Guérard, conseiller communal à Écaussinnes.
♦︎ Valeria Cirillo, docteure en philosophie. Elle travaille principalement sur des questions d’écologie de terrain.
https://ep.cfsasbl.be/une-ecologie-de-terrain-rencontre-avec-alexis-zimmer-arnaud-guerard-et-valeria
Image issue de la couverture du livre « Brouillards toxiques » d’Alexis Zimmer.
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