Isabelle Bonté-Hessed2, "La Faute"
Vernissage le 17 septembre à partir de 18h
L'exposition et presentée dans le cadre de Brussels Design September
https://designseptember.be/en
et Brussels Art Square
https://brusselsartsquare.com/
Pour cette exposition, le livre « La faute de l’abbé Mouret » de Zola, est lu comme une métaphore du monde contemporain à travers notre rapport à la nature.
Dans le roman, à la suite d’une maladie proche du délire mystique, suivie d’une amnésie, l’abbé Mouret, - prêtre d’une église sur les plateaux désolés et brûlés du midi de la France -,découvre le « Paradou ». Lieu à la fois d’un paradis où le vivant est symbolisé par la profusion de fleurs et lieu d’intense sensualité où l’amour sublimé de la vierge Marie, laisse place à un amour charnel.
La résonance de ce roman avec notre regard d’aujourd’hui sur le vivant en général, montre ,-pour Isabelle Bonté-Hessed2 -, que
« la faute » est avant tout ontologique. Elle considère ce roman comme une allégorie de notre regard sur le vivant et ce qui le rend contemporain de nos réflexions.
Pour l’artiste, les fleurs sont des émissaires de lumière. Là où la société choisit de figer, d’institutionnaliser, les fleurs viennent redonner vie, remettre en mouvement. Et les fleurs en porcelaine de l’artiste, ne sont pas une image exacte mais plutôt une forme distraite, fuyante, sans volonté imitative. Elles sont juste reconnaissables et renvoient à une filiation mystérieuse, parce qu’elles ont la capacité de concentrer des paysages et des intensités intérieures. Ces créations sont les émissaires d’une relation sacrée à la nature.
Par cette exposition, l’artiste donne à voir la vulnérabilité de la fleur et combien sa destruction est l’image d’une faute collective : celle de la société contre la nature, contre la beauté fragile. Si l’irruption des fleurs à foison permet un retour à la terre, à la profondeur de la terre c’est parce que le temps humain est celui de la floraison.
Dans plusieurs des créations présentées ici, les fleurs font se joindre un monde qui sauve et un monde qui détruit car l’arbre de vie crève le ciel et démolit ce qui lui jette tant d’ombre depuis des siècles. Lorsque la nature détruit c’est pour sauver, pour sauver l’humain, l’âme.
Aussi l’exposition navigue-t-elle entre profusion de fleurs et de monstres ( directement inspirés du tableau de Brueghel : « La chute des anges rebelles »), symbolisant le conflit entre le bien et le mal, entre le vice et la vertu, dans un oubli du monde qui nous entoure.
Les « cellules de nonnes » s’inspirant de celles réalisées au 18e et 19e siècles, qui sont une mise en scène d’une religieuse dans sa cellule, racontent ici une autre histoire, ou plutôt une histoire sous-jacente. « La faute » c’est aussi les confusions entre oppression et spiritualité. Quelle spiritualité est encore possible ?Les hosties, présentées dans des boîtes à papillons, sont légères et extrêmement fragiles, comme un pétale de rose. Le mot hostie désignant la victime offerte en sacrifice, chaque hostie gravée d’un lieu et d’une date marque le sacrifice de la nature lors d’accidents industriels. Cela commence à Delft en 1654, s’accélérant depuis le 20e siècle.
« La faute », c’est aussi de ne plus entendre la nature, de la détruire en faisant passer rendements et profits avant tout. Car notre monde a été corrompu et il s’agit là aussi d’une trahison spirituelle. La résonance de ce roman avec notre regard contemporain sur la nature, montre que l’arrachement au vivant est notre plus grand problème aujourd’hui.
L’exposition s’articule autour de questions centrales : qu’as-tu fait de ton humanité ? Et dans son oubli, quels monstres engendres-tu, quelle obsession engendres-tu ?
« La faute » est multiple dans notre relation au vivant et notre façon de le nier. Peut-il y avoir rédemption ?
En tout cas, les fleurs en céramique d’Isabelle Bonté-Hessed2 sont une offrande silencieuse face à la faute du monde.
L'exposition est visible du mercredi a vendredi entre 14h-18h, samedi et dimanche entre 12h-18h, jusqu'au 19 octobre.
Plus d'infos
https://isabelle-bonte.com/.
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